Quinze enfants à la découverte de Kollektsia!

Dimanche 19 février 2017, une petite troupe d’enfants et de parents franco-russes a suivi avec courage le guide, Valeria, dans l’exposition Kollektsia! au musée Pompidou.

Pourquoi avec courage? Parce que le sujet n’était pas simple, pour des enfants nés pour certains il n’y a que six ans, pour les plus vieux il y a quatorze ans.  L’URSS, sa culture, ses mots leur sont pour la plupart inconnus. Et que l’art contemporain est souvent incompris même par les adultes, les œuvres proposées par Kollektsia! n’y faisant pas exception.

Voici les quelques impressions que j’ai recueilli au fil des salles.

La première rencontre a eu lieu avec Lénine. « Est-ce qu’il pleure ou qu’il rit, au moment où l’URSS s’effondre ? » interroge Valeria. « Il éternue », suggère un enfant. « Il est constipé », lance un autre.

Deuxième œuvre croisée, la grande installation Glasnost de Dmitri Prigov. Réalisée grâce à des exemplaire du journal Pravda (« La Vérité ») collés et en partie calcinés, elle a été l’occasion d’aborder la question de la liberté de parole. « Je ne pensais pas qu’on puisse faire quelque chose d’aussi beau avec des journaux », s’exclame Lia.

Petit chat ou méchant chat

Les enfants ont ensuite longuement commenté un tableau représentant un chat, de Vladimir Yakovlev, et le comparant avec une peinture de Picasso. L’oiseau sanguinolent entre les griffes aiguisées de l’un, le volatile qui semble tenu avec tendresse par l’autre, le regard comme tranchant du chat de Picasso, l’œil brouillé de celui de Yakovlev… Les avis sont partagés. Les uns préfèrent le « kotik » plus doux du Russe, les autres le « gato » plus agressif de l’Espagnol. « J’aime mieux celui de Picasso car il est plus net », commente Louise.

  • VLADIMIR YAKOVLEV, Chat de gouttière tenant un oiseau, 1980

Quelques constructions s’élevant vers le ciel, fragiles et agiles, frappent l’œil de Sacha et Emile. Des œuvres de Shelkovski ou d’Avvakumov par exemple. De la géométrie, du relief, de la grâce. L’avion et les tanks fascistes dans le lit d’enfant leur parlent aussi.

Le mausolée de Lénine en dominos, de son côté, a plu à de nombreux petits visiteurs. Sacha a trouvé ça « classe », Roman a regretté que les dominos soient cloués…

Questionnements et délires

Certaines œuvres présentées par Kollektsia! ont intrigué les enfants et provoqué de nombreux questionnements. Notamment l’installation photographique d’AES+F « Suspects : Les sept pécheresses et les sept vertueuses » (1997). Quatorze portraits de jeunes filles, habillées de sweat-shirts sportifs quasiment identiques, y sont accrochés. Sept d’entre elles ont commis des meurtres sanguinaires, sept sont des élèves d’une école de l’élite russe. Au visiteur de deviner qui est qui.

Enfin, la visite a été l’occasion de quelques fous-rires et de délires, qui sont bien dans l’esprit de cette création souvent très anticonformiste.

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